d'abord l'histoire de Paulette... c'est un peu triste, c'est un peu long, mais c'est assez important!
J’ai rencontré Paulette, une française d’origine cambodgienne qui travail à Phnom Penh avec Talex. Avec un visage typiquement cambodgien et un prénom des plus Français, Paulette porte sur elle le traumatisme non exorcisé de ses parents.
Ses parents ont fuient le Cambodge en 1975 avec l’arrivée des khmers rouges. Fuyant un Cambodge en guerre, en train de connaître l’un des plus important génocide du siècle. Ils passèrent les frontières de la Thaïlande, du Vietnam et gagnèrent l’Europe à pieds avec deux enfants de deux et quatre ans sous le bras. Selon la culture asiatique, les enfants ont permis des aides inattendues, et un soutiens notamment au passage des frontières, sans eux, ils auraient probablement été abattus avant même de voir atteint Siem Reap (à mi-chemin entre Phnom Penh et la frontière thaïlandaise).
Ils ont après des mois de marche et de fuite, se cachant et mendiant pour nourrir leurs enfants, réussi a atteindre la France. Ils s’étaient volontairement dirigés vers la France. Le Cambodge étant sous protectorat français depuis le 19ème siècle, ils parlaient un peu la langue et connaissaient la culture jusque là amicale.
Recueilli par la croix rouge à Paris, l’aide qu’ils obtenaient ne leur permettrai pas de faire vivre leur enfants décemment, la croix rouge pouvait néanmoins trouver une famille d’accueille à l’un d’entre eux, la sœur aînée de Paulette, en attendant de se trouver du travail.
Les mois passèrent, et ils visitaient souvent leur fille, qu’ils ne trouvaient pas être très en forme, mais se culpabilisaient eux-mêmes du traumatisme que la fuite avaient pu être à un si jeune âge. Chaque fois qu’ils retournaient la voir, elle était un peu plus mal, elle n’avait alors que quatre ans, et portai des traces et des bleus sur le corps.
Deux mois plus tard la petite fille est transférée d’urgence à l’hôpital où elle mourra des suites mal connues de ses blessures. Elle était battue par sa famille d’accueil. Les parents de Paulette étant pauvres et réfugiés n’intentèrent rien contre la famille. La religion bouddhiste d’autre part, prône une certaine philosophie de l’acceptation de la vie et du destin. Ce fameux inch’hallah cambodgien dont je parlais avant. Ils disent aujourd’hui, que le destin a voulu que cet enfant naisse deux ans avant la révolution Khmer rouge, de manière à les aider à fuir, c’est pour eux leur destin, et au-delà de la souffrance ils sont reconnaissant de l’avoir eu.
Paulette est née très peu de temps après la mort de sa sœur, et porte en elle un lourd poids, son existence étant en partie due à la survie de ses parents et par conséquent de à la mort de sa sœur.
A 27 ans paulette vient de mettre pour la première fois de sa vie les pieds au Cambodge, où malgré un physique local et le khmer qu’elle parle couramment elle reste aux yeux des locaux une étrangère. Partie pour travailler, elle s’est fait usurper sa place par une franco-cambodgienne au bras plus long. En France elle subissait déjà les pressions racistes, à l’école, puis en milieu professionnel. Elle avait passé donc quatre ans à Londres, capitale cosmopolite en attendant de retourner un jour au Cambodge.
Aujourd’hui il n’y a que 20 psychologues pour l’ensemble du Cambodge, et les pathologies psychologiques sont flagrantes.
et puis...
Je ne résiste pas à l’envie de vous faire partager ce paragraphe, qui m’a comme qui dirait ; parlé.
« En se rendant à l’agence d’air France pour s’enquérir du prix d’un billet pour Paris, Roger Bouès n’avait pas exécuté une démarche longuement mûrie. Il avait en réalité obéi à l’impulsion du moment. Enfin, peut-être. Il n’était pas très sûr. Il estimait que son geste pouvait être la conséquence d’un travail subconscient, à l’intérieur de lui-même, depuis des semaines et des mois, voire depuis plus longtemps encore. Roger ne croyait pas aux plans élaborés dans le calme, aux projets à long terme, sinon pour les petites choses et de cela il avait toujours été incapable ; en revanche il avait l’absolue conviction que chaque grand tournant d’une existence est pris par une impulsion brutale, irraisonnée ; Roger pensait que l’on prend davantage le temps de réfléchir pour choisir son menu dans un restaurant, ou une cravate, que lorsqu’il s’agit de se marier, de quitter son emploi, sa famille, de partir pour l’Australie. Ou pour l’Indochine ; pour lui les grandes décisions, celles qui engagent toute une vie découlent toujours d’un coup de tête, d’une rencontre impromptue, d’un mot de trop ou de moins, d’un cor au pied. »
Jaraï, Loup Durand